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 Les échecs, notre passion  !

 

Dans cette rubrique, place aux débats !  Au royaume de Caďssa, les opinions sont variées, les façons de concevoir  l'évolution  du jeu d'échecs sont multiples. L'avenir du jeu, mais aussi notre Histoire ainsi que notre quotidien font l'objet des analyses les plus diverses.  Il faut s'en réjouir.  La vérité jaillit de la discussion, dit-on, alors discutons ! Non pas ŕ la maničre des forums, oů des anonymes se laissent parfois aller ŕ écrire ŕ peu prčs n'importe quoi, histoire de défrayer la chronique. Je vous propose ici des débats argumentés, portant sur des sujets ciblés.  A vous de jouer !

 

 

 

  Sujet N° 7 : mercenaires ou membres d'un club ? Article ŕ lire ci-dessous.  J'attends vos réactions et vos contributions !  Ecrivez-moi en utilisant le formulaire contact !

 

 Sujet N°6 : Les cadences infernales.  De nos jours, tout va vite, męme une partie d'échecs ! Cette accélération n'a-t-elle que des points positifs ? A lire ci-dessous :  un article de force écrit par Jean-Pierre ALET.

 

  Sujet N°5 : Elo national, Elo FIDE... article ŕ lire ci-dessous...

 

  Sujet  N°4  : les titres d'arbitres  ...article ŕ lire ci-dessous...

 

  Sujet N°3  : chute de drapeau(x) en rapid chess  ...article ŕ lire ci-dessous...

 

                                                    

 

   Sujet  N°2: les téléphones portables    article ŕ lire ci-dessous...

 

   Sujet N°1  : les nulles par accord mutuel  article ŕ lire ci-dessous...

 

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  Sujet N°7 :  mercenaires ou membres d’un club ?

Notre sport doit-il se passer des joueurs étrangers dans son championnat des clubs par équipes ? Evidemment non ! D’une part, ceux-ci apportent un précieux renfort aux clubs qui les engagent, d’autre part, il est clair que d’une maničre générale les trčs forts joueurs étrangers hissent les échecs hexagonaux vers le haut. Cerise sur le gâteau : ils " participent au spectacle " en produisant parfois des parties d’anthologie, Sans nos amis étrangers, les échecs n’auraient pas progressé ainsi depuis 1989, tant sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif. Le fait que notre pays attire les joueurs étrangers est donc une chance pour nous tous : leur présence dans les équipes du Top 16 constitue un facteur de progrčs.

 

D’ailleurs, il n’y a pas que dans les échecs que l’essor se construit grâce ŕ une politique d’ouverture. Ce qui se passe dans le foot est significatif :

 

- Le FC Barcelone a gagné la Champions League en 2006. Sur 14 joueurs de la finale, 10 étaient étrangers. Lors de la finale, les buts ont été inscrits par le camerounais Samuel Eto'o et le brésilien Belletti sur 2 passes décisives d'un autre étranger, le suédois Larrsson.
- L'Inter de Milan a remporté le titre de Champion d'Italie en 2006. Sur les 11 joueurs de l'équipe type, 10 sont étrangers.
- Chelsea FC, Champion d'Angleterre en 2006 fait de męme. Sur les 11 joueurs de l'équipe type, 8 sont étrangers.

Observons maintenant ce qui se passe en France dans les autres sports que les échecs, notamment dans les grands sports collectifs. Grâce aux travaux réalisés lors d’un colloque qui s’est tenu ŕ Marseille en décembre 2006, nous avons ŕ notre disposition des chiffres récents et éloquents :

 

- Championnat de France de football de Ligue 1 : 39,58% d'étrangers
- Championnat de France de rugby (top 14) : 33,20%
- Championnat de France de volley-ball A Hommes : 41,31%
- Championnat de France de volley-ball A Féminines : 47,85%
- Championnat de France de Ligue Féminine de Basket-Ball : 36,80%


 

Certes, les résultats de nos compatriotes sont parfois en recul dans certaines grandes compétitions françaises individuelles. Par exemple, plus aucun français n'a gagné les Internationaux de Tennis de Roland-Garros depuis Yannick Noah en 1983 et Mary Pierce en 2000. Néanmoins, en général, le niveau du tennis dans l’hexagone continue ŕ monter !

 

Mais revenons aux échecs. Si l’arrivée de forts joueurs étrangers constitue un indéniable " plus ", il faut quand męme veiller ŕ ce que " l’esprit-mercenaire " ne vienne pas mettre ŕ mal " l’esprit-club ". En effet, de forts joueurs ne viennent qu’ŕ l’occasion de quelques grands matchs, ils jouent, empochent leurs euros et passent ŕ autre chose, ŕ la maničre d’un globe-trotter qui écume les opens (qui sont des compétitions individuelles). Personne ne les voit jamais au club. Si en plus aucun " simple membre " du club n’a le droit de les approcher et s’ils font preuve d’arrogance, il peut y avoir de l’écœurement, des conflits et des incompréhensions. Tout passe donc par le talent des dirigeants, qui doivent faire en sorte que les choix du club soient démocratiquement définis, et compris de tous, grâce ŕ une transparence exemplaire. Les salaires qui leur sont versés ne sont pas démentiels (rien ŕ voir avec le foot). Le problčme, c’est qu’ils sont parfois disproportionnés, pas vraiment en rapport avec le budget d’un club d’échecs, qui s’appuie essentiellement sur 2 sources : les adhésions et les subventions. Ces deux sources sont suffisantes pour un club qui reste dans l’amateurisme. Au-delŕ, il est presque indispensable de trouver quelques partenaires solides. Ou alors un riche mécčne doit apporter l’opulence. Mais c’est une solution fragile et artificielle, car il s’en ira au gré de son humeur. Bref, l’équilibre financier n’est pas toujours au rendez-vous. Quant ŕ la législation du travail et aux rčgles de l’URSSAF, on peut se demander si tout cela est bien maîtrisé par tous. Bilan : il n’est pas impossible que certains clubs aient été (ou sont ?) dans des situations plutôt délicates.

Il y a tout simplement un paramčtre majeur : comme tous les sports sans spectateurs payants, nous sommes un sport plutôt pauvre. Et il n’y a pas de ligue professionnelle. Les trčs forts joueurs étrangers ont une préoccupation  immédiate et trčs simple : obtenir des euros en échange de quelques parties d’échecs. Et pour arrondir leurs fins de mois, ces champions jouent dans plusieurs clubs en Europe. Ils jouent le Top 16…et hop…quelques jours plus tard ils défendent les couleurs d’un club en Allemagne ou en Espagne ! Cela ne peut que développer " l’esprit-mercenaire " : difficile dans ces conditions d’acquérir un " esprit-club ".

 

Alors, quelle place accorder ŕ nos amis étrangers dans nos compétitions par équipes ? Est-il normal de défendre les couleurs de plusieurs clubs ? Quel rôle doit tenir la DNCG ?  Et, en élargissant le débat :

- Que signifie ętre membre d’un club ?

- Que signifie ętre professionnel des échecs ?

 

Si vous souhaitez vous exprimer sur ces questions, cet espace est ŕ votre disposition. (ulitisez le formulaire-contact). Les échecs, notre passion !

 

  il me semble que l"esprit-club", en fait, n'existe pas....dans tout club, il y existe des joueurs qui se regroupent par affinité, "mercenaires" ou pas, grozelos ou petizelos, blitzeurs ou fans de JPC, les relations sont avant tout une affaire de personnes, et non de statut....personnellement, 'ai déjŕ été membre de 2 clubs. Dans chacun, 'ai pu trouver des joueurs avec qui je m'entendais trčs bien, et d'autres avec qui c'était la guerre...réciproquement, j'ai des amis joueurs d'échecs qui sont dans d'autres clubs que le mien. Et je pense que ça doit ętre le cas pour pas mal de joueurs, en fait.
Certes, on peut considérer que le fait d'ętre payé pour jouer ne facilite gučre les relations avec les "amateurs", mais je pense qu'il ne faut pas en faire une généralité. Je suis d'accord cependant lorsque tu dis que nous sommes un "sport pauvre". Rares sont les clubs qui peuvent "s'offrir des joueurs", et je dis "tant mieux!", parce que sinon, oů serait notre place, ŕ nous les simples amateurs ?
Certes, certains "mercenaires" se comportent mal et jouent "les stars", mais...j'ai déjŕ rencontré des amateurs qui se comportent de la męme maničre, tant il est vrai qu'au royaume des aveugles, les borgnes sont rois...dans un club oů le Elo moyen est autour de 1800, les plus de 2000 ont généralement le verbe haut et le geste méprisant, jouent entre eux, et ignorent la plčbe des "moins bien classés", sans ętre mercenaires pour autant. Dans un club de moyenne Elo plus élevée, la "barre" au-delŕ de laquelle certains se prendront au sérieux sera simplement aussi plus élevée.
On est toujours "la mazette" de quelqu'un, ŕ moins d'ętre dans le top 10....

Conclusion : les "mercenaires" peuvent sans doute par leur attitude pourrir l'ambiance d'un club, mais pas plus au fond que les joueurs non rémunérés. C'est essentiellement une question de personnalité, et j’ai rencontré, męme si c'est plutôt rare, des "mercenaires" bien plus sympas que certains amateurs "puants", et des "mercenaires puants"....
Il y a de tout dans le petit monde des échecs. A nous de savoir dire stop quand les comportements sont insupportables.
Mais pour cela, il faut avoir une certaine éthique et un certain courage.
Malheureusement, la "culture du résultat" fait parfois oublier ŕ certains clubs des principes qui devraient ętre partagés par tous.

Christine CHAZOT

 

  Cher Francis, il manque une donnée trčs trčs importante pour qui lirait ton article sans connaître en détails nos compétitions, surtout le top16. D'autant que tu compares avec le foot ! Oui, il faut savoir que le top16 ne mobilise les joueurs que 3 "grands" week-end par an. Nous sommes loin, trčs loin des 38 matchs de foot rien qu'en division 1 auxquels il faut ajouter les Coupes, éventuellement les Coupes d'Europe, etc. Si les joueurs d’échecs peuvent jouer dans plusieurs championnats, c’est que le calendrier le leur permet ! Tout simplement…
Lorsqu'une compétition et un club permettront de rémunérer correctement un GMI tout au long de la saison par sa seule présence en compétition alors il n'y aura plus de débat. Et les joueurs du club auraient moult occasions de côtoyer leurs coéquipiers ;-)
Mais lorsque l'on voit que pour la prochaine phase Montpellier va jouer ŕ Chalons et que Paris Chess Club va jouer ŕ Marseille, on se demande si ce sont vraiment les GMI étrangers qui sont responsables de ne pas avoir "l'esprit club" ! Pascal VILLALBA

 

 

  SUJET N°6 : les cadences infernales

Problčmatique : on constate depuis plus d'une décennie une nette tendance en faveur de cadences de jeu plus brčves.  Comme il est loin le temps oů la pluipart des opens se jouaient en 40 / 2h puis 20 coups en 1 heure puis 1 heure au KO, soit un maximum confortable de 8 heures de jeu. De nos jours, tout va vite, męme une partie d'échecs ! Cette accélération n'a-t-elle que des points positifs ?  Jean-Pierre ALET répond ŕ mes questions ! Voir aussi son interview intégrale dans la rubrique "les entretiens"

 

Francis : De nos jours, on ne joue plus selon notre bonne vieille cadence 40 coups en 2 heures, puis 20 coups en une heure puis une heure au KO. Quelles en étaient les avantages ?

 

Jean-Pierre ALET : Au début, dans les années 70, j’ai męme connu 40 coups en 2h30, puis 16 coups ŕ l’heure au finish ou avec ajournement éventuel. Les avantages de la durée sont :

  • Un épanouissement : une place plus grande ŕ l’observation, l’imagination et la construction de stratégies, plus qu’ŕ se limiter ŕ réciter du déjŕ vu. De plus les calculs et évaluations peuvent ętre plus profonds.
  • La satisfaction d’un meilleur niveau technique (celui constaté ŕ l’analyse)
  • Le meilleur niveau rehausse aussi la crédibilité des parties publiées dans les livres et journaux.
  • Une cohérence plus grande : l’effort conduit en début et milieu a le temps d’ętre mieux concrétisé, " récompensé " en finale.
  • Des résultats moins aléatoires.
  • Le temps de comprendre est également nécessaire aux spectateurs qui en ont envie.

 

Francis : On joue de plus en plus vite aux échecs ! Est ce de nature ŕ porter atteinte ŕ l’art immuable des finales ?

 

Jean-Pierre ALET : A vrai dire on joue de moins en moins, parce que l’on a moins de temps dans une partie. Le jeu n’est pas une succession de déplacements de pičces, mais l’exercice de toutes les composantes de l’intelligence qui se trouve en amont, inscrit dans le temps qui nous est accordé. Moins de temps, moins de jeu. Bien sűr, la phase finale a le plus souvent été la victime de cette évolution, mais l’essentiel va bien au de lŕ. La finale fait suite ŕ la phase de passage en finale, elle męme issue du milieu de partie, issu de l’ouverture, et donc c’est toute la logique des échecs qui s’en trouve atteinte. Avec les cadences développées depuis quinze ans, le souci du temps apparaît quelquefois avant męme les abords de la finale. On rejette certaines possibilités par manque de temps pour les peser. Le jeu est amputé. Pour bien comprendre, il faut se représenter le temps comme un espace contenant le jeu, lui-męme constitué des activités produites pendant ce temps. Le jeu est constitué de réflexion, imagination, calcul, adaptation, mémoire, etc., composantes de l’intelligence, dont certaines ont besoin de temps pour naître, se construire et finalement donner un résultat. Le raccourcissement oriente plus vers une activité de mémoire et de réflexe. Les résultats que l’on a observés dans les compétitions homme/machine le confirment : les humains font de meilleurs résultats dans les cadences lentes. Le jeu est ce que l’on fait dans le temps permis. Encore une fois, moins de temps, moins de jeu. Pour ces raisons, et parce que de plus, le temps peut ętre aussi une cause de perte ou de gain, LE TEMPS FAIT PARTIE DU JEU. En conséquence, si le temps est modifié, le jeu est modifié. UNE CADENCE DIFFERENTE, UN JEU DIFFERENT. Que dirait-on si, au football on réduisait le terrain ŕ 80 mčtres, ou si au tennis on raccourcissait le terrain d’un mčtre cinquante de chaque côté afin que les échanges soient plus rapides ? Il sauterait aux yeux que l’on ne pratiquerait plus la męme discipline, voire que les possibilités en seraient réduites. C’est pourtant ce que l’on a fait aux échecs, et c’est encore en cours.

 

Francis : Ce que tu expliques est choquant ! Comment cela est-il possible dans notre société de joueuses et de joueurs d’échecs ?

 

Jean-Pierre ALET : Cela est possible sans se heurter ŕ une vive réaction des joueuses et joueurs parce que c’est fait petit ŕ petit. Partant de 40 coups en 2h30 et du jeu au finish en 16 coups ŕ l’heure, nous avons accepté 20 coups ŕ l’heure sans trop broncher vers 1980 je crois. Vers 1991, un grand virage a eu lieu : avec la suppression de la pratique de l’ajournement et du finish, on a accepté implicitement qu’une partie puisse ne pas se terminer correctement , c’est ŕ dire que celui qui a une position de gain ou de nulle n’ait pas toujours le temps de le réaliser. Cela a été un virage fondamental, une sorte de pli formé dans l’esprit des joueurs. La dérive incontrôlée est partie de cette époque car pour compenser ce virage fondamental, on a oublié de créer des objectifs de préservation de la qualité technique qui soient immuables. (Ce que j’appelle niveau technique est celui constaté ŕ l’analyse de la partie). En somme, l’ajournement a été abandonné certes pour des motifs louables (problčmes d’organisation et d’équité dans les ressources), mais au prix de l’amorce d’une pente dangereuse. Quand je regarde le chemin parcouru et que l’on nous propose aujourd’hui de jouer en 1h30 et 30 secondes par coup, je me fais la réflexion " ŕ quel prix ! ". Le pli pris, on a accepté que la partie se limite ŕ 8 heures, puis 7, puis 6, et ainsi de suite … Qui plus est, j’ai observé surtout dans les années 90 une sorte de " bourrage de crâne " opéré sur les média. On a cherché ŕ persuader les joueurs que l’évolution était inéluctable, et attiré l’attention sur des manifestations trčs primées de jeu rapide, bien mises en valeur dans les journaux.

 

Francis : Ce phénomčne te semble-t-il inéluctable ?

 

Jean-Pierre ALET : A court terme, peut-ętre, mais dans la durée, non, et pour deux raisons principales :

  1. La transformation du jeu dans le mauvais sens est de plus en plus dénoncée et contestée. Je prends pour exemple l’interview de l’éminent grand-maître américain Yasser SEIRAWAN dans le numéro de Septembre 2006 de la revue Europe Echecs. Je cite quelques extraits de l’interview de ce fort Grand Maître, resté longtemps dans le " top 50 " mondial et rédacteur en chef d’une revue américaine pendant de nombreuses années :

- " Ils ont oublié que les Echecs sont aussi un art et une science. Les joueurs ont besoin de temps pour construire leurs plans et formuler leurs idées ".

  • " " Les Echecs corrects  " ou encore " les Echecs au charme suranné " ont été détruits ".
  • " On enlčve aux supporters la possibilité de voir jouer de belles finales. A la place, nous savons seulement qui a gagné et qui a perdu ".
  • " L’idée était que les télévisions voudraient se battre pour présenter ce nouveau jeu ŕ leurs spectateurs. C’est l’inverse qui s’est produit ".

Fin des citations. J’ai envoyé un courrier de remerciement ŕ la revue Europe Echecs pour avoir publié cette précieuse interview.

  1. A force de réduction, le jeu perd de son sens, non seulement pour les joueurs pour les raisons expliquées, mais aussi pour les spectateurs. Le temps d’une certaine compréhension peut ętre nécessaire pour que le spectateur soit attiré et ait finalement envie de pratiquer. Encore par comparaison avec le tennis ou le football, imaginez la réaction des spectateurs si les balles ou ballons se déplaçaient si rapidement qu’ils ne pourraient plus suivre ? Ne pensez vous pas que ces sports deviendraient moins " médiatiques " ? A force de non sens, ŕ la fin, le rideau tombera et il sera temps de passer ŕ une autre pičce. L’histoire ne suit pas une ligne droite. Le droit de faire des erreurs, et plus tard de les reconnaître puis de faire chemin arričre, si les hommes sont capables de le faire, leurs sociétés aussi. C’est humain.

 

Francis : Comment éviter d’en arriver ŕ l’extrémité que tu évoques ?

 

Jean-Pierre ALET : J’ai déjŕ agi dans ce sens ŕ mon niveau. Mais il faudrait que bien d’autres s’y mettent.

Pour prendre un " raccourci ", il suffit de considérer encore une fois que LE TEMPS FAIT PARTIE DU JEU donc UNE CADENCE DIFFERENTE constitue UN JEU DIFFERENT. Dčs lors, on s’oblige ŕ la conservation du jeu existant dont personne ne demande la disparition, ce qui n’empęche pas la création d’un autre. Personnellement, je n’ai jamais jeté la pierre au jeu " semi rapide ", pour y avoir d’ailleurs participé plusieurs fois avec succčs. Il en résultera alors une distinction de jeux différents, dont voici un exemple possible :

  • Une Cadence fixe pour les tournois ŕ une partie par jour dits d’ " ECHECS  "
  • Une Cadence fixe pour les tournois ŕ 2 parties par jour dits de " Jeu Accéléré "
  • Une Cadence fixe pour les tournois dans une journée ou week-end dits de " Jeu Rapide ".

Et naturellement distinction de classements et de titres différents. Il faut aussi sensibiliser les organisateurs ŕ l’influence du temps sur la qualité, de façon ŕ ce que les prix soient plus importants dans les tournois ŕ cadence plus lente. J’espčre que la publication de cette interview pourra y contribuer.

 

Francis : On peut désormais obtenir une norme de MI en jouant selon une cadence qui, il y a encore quelques années, aurait fait sourire les techniciens du ELO. Penses-tu que cette tendance n’en est qu’ŕ ses débuts ?

 

Jean-Pierre ALET : Elle n’en est déjŕ pas ŕ ses débuts puisque la cadence internationale a été accélérée de longue date. En fait dčs lors que l’on accepte que le jeu soit changé, ou que des jeux différents soient confondus, il est " mécanique " que les titres de valeurs comme Maître International, Grand-Maître, etc. soient victimes du męme amalgame. Par rapport ŕ ta question, l’essentiel n’est pas dans le titre, mais dans le jeu. L’émulation peut exister quel que soit le jeu, mais il faut reconnaître ŕ des jeux différents leur différence, et que l’émulation n’est pas la seule chose qui intéresse les joueurs ou męme les spectateurs : que l’on donne au jeu d’Echecs le temps qu’il mérite ŕ la mesure de sa complexité. Aux joueuses et joueurs pour le pratiquer pleinement, au spectateur pour tenter de le comprendre, et éventuellement l’admirer. Je ne crois pas que l’on choisisse et que l’on persévčre ŕ jouer au jeu d’Echecs uniquement pour l’émulation qui y existe ou pour sa présentation matérielle. Si l’affection pour un jeu ou un sport se résumait ŕ l’émulation, alors pourquoi choisir l’un plutôt qu’un autre ? C’est une question de sens.

 

Francis : Tu es connu pour ętre l’auteur d’un brillant mémorandum portant sur ce sujet. Est-il disponible sur la Toile ?

 

Jean-Pierre ALET : Merci pour " brillant ". Je pense qu’il est surtout courageux, car ŕ l’époque oů j’ai commencé ce travail, beaucoup m’ont dit que c’était le combat du pot de terre contre le pot de fer. Il est aussi bien perfectible. Sur internet, une sorte d’éditorial est disponible, pour la version de 1997. Si tu tapes " Plaidoyer Permanent pour une Cadence Convenable ", ou mon nom, sur un moteur de recherche internet, tu peux trouver une sorte d’éditorial de présentation car il a déjŕ été publié sur un site. Dans sa totalité, il n’est pas disponible car constitué d’éléments de formats différents (Traitement de Texte, Tableur, Gestion d’Image). Je ne suis pas encore certain qu’il faille qu’il soit accessible sur la " toile ". C’est une question de stratégie de diffusion que je n’ai pas encore décidée. Il n’en est de toute façon pas question maintenant, car je compte en sortir une autre version en 2007 ou 2008. Mon projet est cette fois plus ambitieux : je compte le faire traduire et le diffuser plus largement, solliciter l’insertion du point de vue d’un GM éminent, et d’un organisateur. Mon succčs dépendra du temps et des aides.

Bénévole, mon idée est de dénoncer les non sens et autres méfaits de la dérive des cadences, et de fournir des arguments ŕ ceux qui en voudraient, de façon qu’ils les utilisent devant ceux qui décident. Comme avant, le PPCC sera copiable et diffusable par quiconque, pourvu que cela soit dans son intégralité.

 

Francis : Que penses-tu de l’avčnement des cadences Fischer ?

 

Jean-Pierre ALET : C’est l’arbre intéressant, mais qui cache la foręt. L’intéręt principal du principe " cadence Fischer " est que cela permet de rendre obligatoire la notation des coups, ce qui évite des situations pénibles voire inextricables aux arbitres. La répartition plus réguličre de la réflexion est un avantage de deuxičme niveau. D’ailleurs la préférence des joueurs est partagée. Les cadences Fischer sont un aménagement, certes intéressant, mais cela n’empęche pas le temps imparti de diminuer. Exemple : la derničre cadence Fisher établie par la FIDE : 1h30 + 30 secondes par coup pour toute la partie, est un raccourcissement car les 2 heures ne sont męme plus allouées pour 40 coups.

L’essentiel : que les cadences soient classiques ou " Fischer ", on a observé de toute façon des raccourcissement décidés unilatéralement. A partir du moment oů vers 1990, avec les cadences avec finish au KO, les joueurs ont accepté que des parties puissent ne pas se terminer correctement (un nombre de coups indéterminé dans un temps déterminé), le pli a été pris, puis on l’a accentué " subrepticement ", petit ŕ petit et on pourra faire la męme chose, et peut-ętre męme avec plus de facilité avec les cadences Fischer. (voir 3- ci-aprčs). Je ne saurais dire si les cadences Fischer sont en elles męmes bénéfiques pour la pratique des Echecs de bon niveau technique. J’y vois du pour et du contre. Dans une cadence Fischer, on devrait normalement voir moins de fautes directes, car le joueur dispose d’un temps minimum pour chaque coup. Elles ont l’avantage de permettre un nombre illimité de coups, disons avec un niveau " minimum " en finale. Par contre, elles sont actuellement attaquables sur trois points :

  1. les 30 secondes par coup que l’on a généralement sont amputés par la nécessité de noter les coups. Le temps pris pour quitter la vision de l’échiquier, noter son coup, puis reprendre la vision du jeu n’est pas neutre. Disons qu’il reste environ 25 secondes.
  2. Le temps restant est insuffisant, męme en finale. A mon niveau, c’est jouable dans le cas de finales simples, mais pas dans le cas de finales complexes.
  3. Plus subtil, les cadences Fischer contiennent l’ingrédient d’un nouveau danger : Etant donné que ces cadences donnent un temps aprčs chaque coup joué, elles peuvent " en théorie " permettre la finition de toutes les parties (bien que le temps conditionne le niveau), mais en conséquence elles pourront donner lieu ŕ des parties que l’on pourra dans des cas rares, juger trop longues. Selon le (mauvais) principe, hélas déjŕ appliqué, " pour éliminer un cas gęnant qui arrive rarement, on établit une rčgle qui résout le cas en question mais qui abaisse la qualité dans un nombre de cas beaucoup plus élevé ", il y a fort ŕ parier que les partisans de l’accélération du jeu saisiront les occasions qui vont survenir. Une partie ŕ " 1h40 + 30 s par coup puis 40 minutes puis 30 secondes par coup puis 10 minutes et 30 s par coup " aura donné lieu ŕ une partie trop longue, donc on enlčvera les dix minutes ŕ la fin. Puis un nouveau cas, et ainsi de suite.

Je me rappelle avoir lu que Robert James Fischer qui est l’inventeur de ce systčme qui part d’un bon principe, avait proposé ŕ l’origine : 1 Heure puis 2 minutes par coup jusqu’ŕ la fin. Est-ce exact ? Si oui, on en est loin.

On pourrait męme en dire que le terme de " cadence Fischer " est usurpé aujourd’hui.

Mais Fischer, champion du monde génial est hélas hors d’état de faire valoir son droit lŕ dessus depuis son passage hors la loi dont les média se sont fait écho. En résumé : En préalable ŕ l’établissement de toute cadence, il faut qu’instances dirigeantes, organisateurs et arbitres soient bien sensibilisés au fait que le temps augmente la qualité du jeu, et que cela va dans le sens du jeu d’Echecs, et aussi que le Temps fait partie du Jeu / Une Cadence différente, un jeu différent. Ce n’est pas le cas depuis de nombreuses années, sinon ce sujet ne serait pas en discussion dans l’actualité. Lorsque ce sera bien établi, la dérive des cadences s’arrętera et męme se réparera par un retour en arričre.

 

Francis : Quelle cadence proposes tu concrčtement ?

 

Jean-Pierre ALET : Je ne saurais définir la " cadence juste " ŕ moi tout seul. Je ne fais que plaider pour des principes. Il faut consulter les joueurs, pas seulement les meilleurs, et ceux qui participent ŕ l’organisation. Avant d’opérer toute consultation, il sera nécessaire que tous les consultés aient connaissance de l’historique des cadences, et du phénomčne de raccourcissement sans consultation qui a été opéré depuis 40 ans, afin de s’exprimer en connaissance de cause. Le " Plaidoyer " dont la diffusion est planifiée pour 2007 / 2008 contiendra probablement une proposition concrčte. Pour l’instant je donne seulement les axes principaux dans l’état de ma réflexion en ce qui concerne les parties de tournoi ŕ une ronde par jour :

  1. Les 40 coups en 2 heures sont un minimum incompressible.
  2. Ensuite, maximiser le niveau technique pendant le plus grand nombre de coups possibles tout en tenant compte des contraintes d’organisation.
  3. Si on ne tolčre pas l’ajournement, alors il faut pouvoir accorder le maximum de temps aux parties qui le réclament, ŕ l’intérieur d’une journée.
  4. Humaniser les parties longues par l’institution d’une pause contrôlée, de façon ŕ ce qu’une session de jeu ne puisse excéder 6 heures.
  5. Il vaut mieux consentir ŕ de rares cas insatisfaisants que résoudre ces cas tout en abaissant le niveau d’ensemble.
  6. Consentir ŕ ce que pour certaines rares parties qui ne puissent continuées, et dont l’un des joueurs réclame le gain, on recoure au jugement d’un arbitre ou si l’arbitre se déclare incompétent, d’une commission, et męme si cela doit parfois donner lieu ŕ un jugement contesté.
  7. Lorsque la limite de temps permise par l’organisation est atteinte, la possibilité de réclamer le gain doit pouvoir exister męme pour le joueur qui dispose du moins de temps, ŕ condition bien sűr qu’il ait respecté la cadence incompressible de 20 coups ŕ l’heure. Cela correspond ŕ la récompense de l’effort fourni pour obtenir une position gagnante.
  8. Afin de ne pas encourager l’allongement inutile des parties, l’autorisation de parties longues ou l’utilisation des cadences dites " Fischer " ne doit absolument pas empęcher de pouvoir déclarer une partie nulle lorsqu’un joueur de mauvaise foi continue comme le spécifie l’article 10 autrement que " par des moyens normaux " ce qui signifie dans le sens d’un gain technique, par des coups contribuant effectivement ŕ améliorer sa position, et indépendamment de toute considération de temps.

 

Francis : Que nommes-tu la pause contrôlée ?

 

Jean-Pierre ALET : Aprčs 6 heures de jeu et 60 coups, quelques parties ne sont pas terminées. Je suis en train de faire des recherches sur les proportions et j’espčre pouvoir bientôt ętre plus précis. Il semble que pour un open unique cela fasse en général moins de 5% des parties, mais plus lorsque les adversaires sont de force voisine. Dans les tournois fermés de haut niveau, cela peut dépasser 10 %. Dans tous ces cas, le nombre de joueurs concernés doit ętre maîtrisable. L’arbitre annonce que chaque joueur au trait doit arręter la pendule. Les joueurs se lčvent et sont emmenés par l’arbitre dans un coin de la salle ou un local de restauration, avec des sandwiches et des boissons, les joueurs ayant pu amener des ‘en-cas’ personnels. A la fin de la pause détente et restauration dont le temps est déterminé par le rčglement, l’arbitre remmčne les joueurs dans l’aire de jeu et le jeu reprend.

Nul doute qu’il y aurait des problčmes techniques ŕ régler, et que les rčglements évolueraient en fonction de l’expérience. Mais pour augmenter le niveau et l’agrément de jeu, cela ne vaut-il pas la peine d’essayer ?

 

Francis : Que peux-tu encore ajouter sur ce sujet ?

 

Jean-Pierre ALET : Au niveau de la philosophie, insister sur deux points ŕ tous ceux qui ont un pouvoir de décision et qui liront ces lignes :

- Avant de faire évoluer un état de rčglement qui comprend certains points qui certes, posent problčme, se demander si le mal existant n’est pas " un mal nécessaire " pour sauvegarder un " bien essentiel ", de façon ŕ ne pas supprimer le mal en créant le pire. Notamment ne pas résoudre un inconvénient qui a lieu rarement par une mesure qui abaisse le niveau d’ensemble.

- Les Echecs ont une dimension sportive indéniable, mais n’oubliez pas qu’ils sont aussi, comme le rappelle Yasser SEIRAWAN, un Art et une Science.

 

Merci Francis pour m’avoir permis de m’exprimer, sur ce sujet dont j’espčre qu’il paraîtra essentiel aux lecteurs. Jean-Pierre ALET

 

 

 

  SUJET N°5 : "ŕ votre avis, le Elo national doit-il disparaître au profit d'un seul unique classement (le ELO FIDE) ?" 

 

Un internaute Mr Gildas KERLAU (cliquez sur divers, courrier des lecteurs) a merveilleusement bien exprimé avec concision ce que pensent de nombreux joueurs : " concernant le Elo national : je suis classé FFE et le seul désavantage que j'y trouve est que lorsque je joue un FIDE; celui-ci n'a aucune "pression de résultat" puisque la partie n'est pas comptabilisée pour son classement .Ceci me semble illogique; voire inéquitable ".

N’avoir qu’un seul classement ELO est donc sur ce point effectivement trčs intéressant.

Mais n’y a-t-il pas aussi des inconvénients ?

  • Notre classement national est un outil qui fonctionne admirablement bien et qui ŕ de maintes occasions s’est montré ŕ la fois souple, réactif et adaptable tout en étant rigoureux, fiable et parfaitement bien drivé ŕ tous les échelons, du club jusqu’ŕ la Fédération en passant par les Ligues.
  • Si cet outil disparaît, la F.F.E devra s’en remettre ŕ la FIDE. Est-ce que ça fonctionnera aussi bien…pour tout le monde ? Permettez-moi de citer une anecdote personnelle. Il y a quelques années, il m’est arrivé de protester pour 20 points qui manquaient ŕ mon Elo national. C’était du temps oů je jouais encore dans une équipe. J’ai fait un " dossier de demande de correction ", en respectant la procédure via ma ligue (je pouvais démontrer que des parties jouées en division régionale n’avaient pas été transmises et comptabilisées) et bien sűr j’ai un peu bougonné (on est des gaulois, non ?)…mais la bonne nouvelle est arrivée en 2 temps 3 mouvements, la correction était officiellement faite au niveau national et je recevais męme une lettre sympa de confirmation. Formidable ! Moralité : en France, męme les 20 petits points d’un petit amateur sont pris au sérieux.
  • Pour le ELO (comme pour beaucoup d’autres choses d’ailleurs !), les joueurs français, męme les plus modestement classés, ont un haut degré d’exigence. Et c’est légitime. Reste ŕ savoir si les interlocuteurs techniques de la FIDE seront eux aussi disponibles et réactifs…et pas seulement pour les trčs forts joueurs ?
  • En France, on est habitué ŕ " classer tout le monde ", ce qui n’est pas vrai dans d’autres pays.
  • De plus, la notion française de partie " incompatible ", qui n’existe pas en ELO international, présente certains avantages.
  • Enfin, quand le point de non-retour sera atteint et quand nos 50000 joueurs seront classés FIDE, ne faut-il pas craindre tôt ou tard une sensible augmentation des droits que notre Fédération devra verser ŕ la FIDE ?

Bref, il y a beaucoup d’interrogations, que j’ai envie de traduire un peu sommairement par une image : pour le ELO, faut-il saborder notre propre chalutier, qui tient bien la mer et qui ne craint aucune tempęte…pour faire grimper tout le monde sur le navire FIDE, qui semble avoir un comportement de vieux cargo rouillé dont on se demande parfois s’il ne risque pas de chavirer ŕ tout moment ?

Le sujet est donc plus complexe qu’il n’en a l’air. Je crois que pour étudier sérieusement ce problčme, il n’est pas inutile de solliciter l’éclairage de celui que l’on peut considérer ŕ juste titre comme notre meilleur spécialiste du classement, et pour cause… il s’agit du directeur national ! Je viens d’avoir une longue et trčs intéressante conversation technique avec Charles-Henri ROUAH : il a des choses fondamentales et passionnantes ŕ dire ŕ ce sujet. Il a donc bien voulu accepter d’écrire un article poirtant sur ce thčme, ce qui lui permettra de développer et d’expliciter. A lire prochainement sur joueurdechecs.com !

 

 

SUJET N°4 : les titres d'arbitres doivent-ils ętre accordés ŕ vie ?

 

Actuellement les titres d’arbitres sont décernés ŕ vie. La FIDE délivre les titres de FA (FIDE Arbiter) et IA (International Arbiter). La F.F.E délivre quant ŕ elle les titres d’Arbitres Fédéraux. On commence par AF4 (arbitre fédéral 4) pour aller jusqu’ŕ AF1 (arbitre fédéral 1). Męme la premičre étape (AF4) est difficile. Le titre initial n’est pas facile ŕ acquérir : il faut suivre avec assiduité un stage (durée : un week-end) puis réussir un examen mis en place au niveau national. Cet examen comprend 2 unités de valeur : l’UV1 (rčgles du jeu) ainsi que l’UV1 bis (compétences organisationnelles basiques). L’expérience montre que le simple fait d’avoir suivi les cours ne suffit pas pour décrocher le titre. Il faut d’une part faire preuve d’une bonne compréhension du jeu (ętre un vrai joueur de compétition, ça aide !) et d’autre part avoir étudié avec soin le Livre de l’Arbitre (un énorme pavé) ainsi que le Livre de la Fédération. Cette exigence est normale car sur le terrain il ne suffira pas de prendre les bonnes décisions d’arbitrage. Ceux qui ne sont pas capables de justifier leurs décisions en se référant méticuleusement aux rčgles et rčglements sont donc recalés.

L’obtention des titres successifs nécessitent également de gros efforts, le degré d’exigence est élevé. Tout cela représente beaucoup de sacrifices, qui vont souvent bien au delŕ de ce que fournissent la plupart des bénévoles dans les autres sports. Et pour une indemnisation particuličrement modique : entre 42 et 78 euros par jour, avec un maximum de 5 indemnisations journaličres par mois. Autant dire presque rien, pour ne pas dire plus.

Pas étonnant que dans ces conditions nos arbitres fédéraux ne souhaitent absolument pas une remise en cause de leurs titres si durement acquis ! C’est parfaitement légitime. Pendant le laps de temps durant lequel j’ai siégé ŕ la DNA (de 1997 ŕ 2005, dont 4 ans en tant que Directeur National, de janvier 2001 ŕ mars 2005), j’ai eu l’occasion de faire la " tournée des popotes " : ŕ l’unanimité, les cadres régionaux de l’arbitrage plaident avec conviction en faveur du maintien du systčme actuel.

La solution passe donc par la mise en place d’une formation continue de qualité, dispensée ŕ tous, ce qui permet de rester ŕ niveau. Cette politique a été mise en œuvre par mes soins dčs la saison 2003/2004 (avec 6 stages) le premier ayant été animé dans le Nord par Jacques MAILLARD, formateur. En raison des circonstances difficiles que chacun connaît, la FC a été mise en veilleuse en 2004/2005 pour repartir de plus belle en 2005/2006, sous la houlette de Christian BERNARD, directeur des formations.

Reste le problčme posé par ceux (probablement un assez petit nombre) qui ne se seront pas donnés la peine de " rester ŕ niveau ". Il faudra bien faire le point tôt ou tard, dans quelques années. A mes yeux, la solution passera par l’attribution d’un titre d’Arbitre Honoraire, tant au niveau des titres fédéraux qu’au niveau des titres internationaux. A suivre… !

Vous lirez avec profit des contributions de grande valeur sur ce thčme d’un collčgue français (Dominique DERVIEUX) et d’un collčgue Canadien (Serge ARCHAMBAULT) dans le courrier des lecteurs (en cliquant sur le bouton " divers ").

 

 

SUJET n°3 : chute de drapeau et chute de drapeaux en jeu rapide.

 

La problčmatique : chacun le sait, l'arbitre ne doit pas signaler la chute du drapeau d'un joueur en jeu rapide. En revanche, il est tenu d'intervenir (pour déclarer nulle cette partie) dčs que le second drapeau tombe ŕ son tour, alors que le vainqueur au temps putatif n'a pas fait valoir sa victoire. Estimez-vous que ce dispositif doit évoluer ? (les contributeurs peuvent éventuellement se reporter ŕ l'actu passée le 10 février 2006 sur le présent site, ainsi qu'au courrier des lecteurs : quelques collčgues arbitres y présentent d'intéressants arguments).

Fin de collecte de vos contributions sur ce thčme  : le 31 mars (si vous souhaitez que je vous cite nomément, merci SVP de me le préciser).

 

3 Ecoles font valoir leurs arguments :

  • Les partisans du statu quo estiment qu’il faut laisser les choses en l’état, notamment pour des motifs organisationnels. La crainte de voir une partie de rapid-chess durer indéfiniment (avec les 2 drapeaux tombés !) est dissuasive. Nombreux sont donc ceux qui pensent qu’il ne faut rien changer : ne pas signaler la chute du premier drapeau mais intervenir (c’est une nulle) dčs la chute du second drapeau. Rideau.
  • Quelques collčgues estiment qu’il conviendrait de faire évoluer l’appendice B vers " l’interventionnisme ". Il s’agirait de basculer vers un arbitrage " actif ", oů l’arbitre, męme en rapid-chess, devrait (chaque fois qu’il le peut) signaler la chute du drapeau. Il déclare la partie gagnée au temps. Rideau.
  • La troisičme voie : évoluer en s’en tenant ŕ la philosophie du rapid-chess : la chute du drapeau est l’affaire des joueurs eux-męmes ! N’intervenir ni ŕ l’occasion de la premičre chute, ni ŕ l’occasion de la seconde chute ! Aucun des deux ne réclame le demi-point : on laisse parler l'échiquier. Pas d’inquiétude : il est peu probable que les parties s’éternisent au-delŕ du raisonnable. L'expérience montre que c'est souvent dans les situations trčs tendues que ça peut se produire, lorsqu'un mat ou une combinaison splendide montre le bout de son nez. Dans les autres cas, celui dont la position est compromise ne tarde jamais ŕ jeter un coup d'oeil sur sa pendule et  ŕ réclamer le demi-point . Et dans les rares cas oů les deux protagonistes ne se rendent compte de rien (cas rare, sauf dans les tournois d’enfants ou de débutants) ou dans le cas oů nos deux oiseaux souhaitent faire durer le plaisir (!), alors naturellement l’arbitre pourrait intervenir dans l’intéręt de la compétition : il arręterait les hostilités et annoncerait (comme actuellement) que c’est une nulle. Pourquoi pas ?

 

 SUJET  n°2 : les sonneries de téléphone portable.

 

La problčmatique : désormais, il n'y a plus ŕ tergiverser : quand le téléphone d'un joueur sonne alors qu'll a une partie en cours, il perd la partie, que le trait soit ŕ son adversaire ou non.  Que pensez-vous de cette nouvelle réglementation ? Que pensez-vous des organisateurs qui estiment qu'il faut, de plus, administrer une amende aux fautifs ?   Partagez votre opinion et vos arguments : utilisez le formulaire contact  ! 

 

 

Le fruit de nos cogitations : les choses semblent désormais claires aux yeux de tous : aujourd’hui, chacun sait qu’un téléphone qui sonne entraîne la perte de la partie pour le fautif. Ce n’est plus contesté, c’est complčtement entré dans les mœurs. Les questions posées ne portent plus en fait que sur deux points : l’hypothčse de la perte par forfait et le vibreur.

  • Perte par forfait ? Certains préconisent que la sanction donnée soit la perte de partie par forfait, et souhaitent que le Rules Committee légifčre en ce sens. On peut comprendre cette préoccupation mais cela poserait un problčme : de toute évidence, ce serait une forte tentation pour un joueur dont la position est compromise de faire sonner son téléphone, transformant ainsi miraculeusement sa proche défaite (accompagnée d’une perte de points ELO) en un simple forfait (sans aucune conséquence pour son classement). L’hypothčse selon laquelle la sanction pourrait prochainement et officiellement évoluer vers le " forfait " est donc sans fondement.
  • Le vibreur. Des joueurs ne savent pas ce qui arrive au malheureux dont le téléphone vibre. A question simple, réponse simple : Stéphane ESCAFRE, en tant que Directeur National de l’Arbitrage (FFE), s’est exprimé officiellement dčs la rentrée de septembre ŕ ce sujet. Son texte est précis, il a été annoncé ŕ tous les Directeurs Régionaux d’Arbitrage puis diffusé dans le Bulletin des Arbitres, il est appliqué par tous les arbitres qui officient en France, il suffit donc de s’y reporter :

 

"La partie du joueur est en cours, sonnerie : ce joueur perd la partie.

Vibreur, ou messagerie : avertissement oral. Pas plus, sauf si la gęne est avérée (dérangement sonore des voisins).

Parler au téléphone pendant une partie : perte de la partie, sauf si l'arbitre a donné son autorisation préalable.

Les personnes d'astreinte : elles préviennent avant la ronde l’arbitre qu’elles risquent d’ętre appelées. Pas de sanction, l'arbitre peut garder le téléphone, il doit ętre sur vibreur.

La partie du joueur est terminée mais il est devenu spectateur : exclusion de la salle".   D.N.A.F.F.E.

 

Amusons-nous maintenant en examinant ce cas intéressant :

B (conducteur des blancs) doit rencontrer N (conducteur des noirs). La ronde commence ŕ 14h00. N est assis, B n’est pas encore arrivé. A 14h00 précises, l’arbitre démarre la ronde, la pendule de B est enclenchée par l'arbitre en personne. N attend, il est sagement assis…et son téléphone sonne ! Gag ! B arrive quelques instants plus tard (avec moins d’une heure de retard quand męme, ouf !) et il apprend qu’il a gagné ! Sans męme avoir joué un coup !

Ce cas est amusant, non ? Il a été évoqué au Congrčs de Calviŕ et nous y reviendrons probablement ŕ Turin, en séance du Rules Committee. Cela passera peut-ętre par une (re)définition du début de la partie, compte-tenu de facteurs particuliers. Passionnant, non ?

Ce cas atypique mérite, me semble-t-il, un traitement spécial. Pour la petite histoire, je vous raconte le dénouement de l’affaire : dans cet open, l’arbitre (un international Polonais chevronné, un arbitre brillant dont la culture échiquéenne est immense) a finalement décidé d’agir avec bon sens et de décréter…une perte par forfait pour les noirs ! Et toc !

 

 

 

SUJET  n°1 : les nullités par accord mutuel. 

 

La problčmatique  : faut-il réglementer les nullités par accord mutuel ? Envoyez votre contribution ŕ joueurdechecs.com en utilisant le formulaire-contact (pour cela, cliquez sur le bouton "écrire au webmestre").  Fin de collecte de vos articles sur ce thčme : le 31 janvier 2006. 

 

Le fruit de nos cogitations : trois Ecoles s'affrontent.  Elles sont toutes les trois respectables.

1) Ecole N°1 : ne rien changer, en estimant qu'une partie est  l'affaire des joueurs eux-męmes.  Les adeptes de cette formule signalent que de toutes façons l'interdiction des parties nulles par accord mutuel n'empęchera pas les arrangements entre joueurs peu scrupuleux, dčs lors qu'ils ont envie de se partager des prix au détriment de leurs camarades. Si la propostion est interdite, une habile répétition de positions vient alors ŕ la rescousse. Pire encore : certains se muent en "donneur de points" quand c'est nécessaire de laisser gagner le complice.  La technique, scandaleuse, de "l'assurance" est évoquée.

2) Ecole N°2 : interdire aux joueurs de proposer la nullité.  Méthode énergique !  Les arbitres Corses la font fonctionner avec réussite. Bien que toujours prudent face aux "lignes dures", je constate quand męme que les enfants de cette Ligue (qui n'ont jamais rien connu d'autre) jouent  aux échecs sans se poser de questions ŕ propos du partage du point ...et pour eux il est naturel de n'obtenir une partie nulle qu'aprčs un réel affrontement sur l'échiquier. Nous dissertons 107 ans sur le sujet et ces gamins, eux, le font, tout simplement !  Gag ! Nous écrivons une Charte, et eux ils la vivent et en démontrent le bien fondé, sans męme en connaître le contenu des articles. Décapant, non :-) ?  A suivre avec intéręt, cette expérience Corse.

3) Ecole N°3 : rčglementer. C'est celle qui a ma préférence, fidčle ŕ ma chčre théorie du "robinet d'eau tičde" et que nous appliquons ŕ l'open du Touquet. On part du principe qu'en raison d'un contexte sportif, le joueur peut légitemement avoir besoin et envie de jouer pour la nulle. Nous n'interdisons donc pas, mais nous rčglementons. L'objectif est  le suivant : contrer les nulles courtes et insolentes, qui portent préjudice ŕ l'image de notre sport. Pour l'édition du Touquet 2006, nous envisageons de nous orienter vers  la formule suivante :  pour proposer nulle ŕ l'adversaire avant 20 coups (ou avant 1 heure de jeu),  le joueur doit solliciter l'autorisation de l'arbitre. Ce dispositif figure sur l'annonce du tournoi et dans le rčglement intérieur.

Entre ces trois méthodes, il est difficile de déterminer quelle est la meilleure voie. Néanmoins sachez que la FIDE, via son Rules Committtee, a fait savoir officiellement lors du Congrčs de Dresden 2005, qu'elle soutenait les initiatives prises par les organisateurs pour lutte contre les nulles totalement ternes. Les débats de Turin 2006 s'annoncent passionnants...et animés !

 

Ci-dessous, un article de Bernard THINAT :

 

Il y a quantité de possibilités pour 2 joueurs de conclure la nulle par entente préalable:
1) par accord mutuel au bout de 3 coups
2) par répétition de coups: ici, il faut faire constater ŕ l'arbitre que  la męme position va se répéter pour la 3čme fois, et c'est l'arbitre qui,  conformément ŕ l'article 5.2.d, va décider de la partie nulle, et je ne vois pas comment il pourrait en décider autrement. On peut créer cette situation en moins de 10 coups.

 3) par échec perpétuel: 2 bons joueurs sont tout ŕ fait capables de créer  une partie bidon se terminant rapidement par un échec perpétuel, je leur fais confiance lŕ-dessus.
Alors: peut-on légiférer ? peut-on interdire ces parties nulles de salon ? En Interclubs, la partie nulle par accord mutuel fait partie de la  stratégie d'une équipe: l'une y perdra forcément des plumes, mais le  regrettera trop tard. En Coupe du Monde, récemment, nombre de joueurs ont conclu des nulles  rapides en parties longues afin d'en découdre en Rapides ou en Blitz.
Notamment les deux français.  Faut-il rappeler qu'en tant que français,  ils devraient respecter plus que tout autre, la fameuse Charte. Sont-ils blâmables ? A l'issue d'un tournoi en 9 rondes, il arrive souvent que des joueurs soient fatigués vers la fin et concluent leur tournoi sur une partie nulle  en quelques coups alors qu'ils n'ont plus rien ŕ espérer au classement. Sont-ils aussi blâmables ? Venons-en aux différents dispositifs adoptés ça et lŕ. Interdire la nulle avant le 30čme coup: on fait comment si un perpétuel  survient avant ? si deux joueurs répčtent la position au 20čme ? Demander l'accord de l'arbitre avant de décider la partie nulle: j'imagine déjŕ le pauvre arbitre courant dans la salle en tous sens pour répondre aux multiples appels. Enfin, sur quels critčres l'arbitre peut-il refuser ou accorder la partie nulle ? J'ajoute une anectode survenue l'été dernier: Au premier échiquier, lors d'un Open, les 2 joueurs sont absents de leur table au début de la ronde. De retour ŕ sa table, aprčs avoir mis en route  la pendule, l'arbitre découvre deux feuilles de parties en 11 coups, avec  la nullité. Manifestement, la partie a été bidonnée. L'arbitre colle un double 0. Les deux joueurs font appel, puisqu'il existe une commission d'appel des décisions de l'arbitre (les Echecs doivent ętre le seul sport  dans ce cas: imagine-t-on pareille chose en football oů aprčs que l'arbitre a sifflé pénalty, l'équipe sanctionnée demande aussitôt la  réunion de la commission d'appel composée de joueurs, voire des spectateurs...) La commission d'appel donne raison aux deux joueurs qui récupčrent chacun le demi-point. En conclusion, faut-il rester les bras croisés ? Je réponds NON. Il existe une solution toute simple: changer l'attribution des points dans un Open !!! Le basket l'a fait (introduction du panier ŕ 3 points), le rugby l'a fait  (l'essai est passé de 3 ŕ 4 points, puis ŕ 5 points). Pourquoi pas les Echecs ? Je propose:
1) le forfait = 0
2) la défaite = 1 (car je ne trouve pas juste qu'un joueur qui s'est  échiné pendant 4, voir 5 ou 6 heures ŕ sauver en vain une partie nulle, reçoive le męme traitement que celui qui arrive avec 65 min de retard.
3) la nulle = 2
4) la victoire = 4, voire 5. Car avec 5 points attribués en cas de  victoire, les joueurs en tęte du classement y regarderont ŕ deux fois avant de conclure une nulle de salon, laquelle pourrait bien ętre synonyme de recul au classement final. 
Bernard THINAT.

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