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 Entretien N°11 : Laurent GUIDARELLI, Maître International

 

 

Laurent Guidarelli est Maître International. Il enseigne les échecs avec des résultats probants. C’est un honneur pour http://www.joueurdechecs.com  d’avoir l’opportunité de s’entretenir avec ce pédagogue qui monte.

 

Joueurdechecs.com : peux-tu te présenter en quelques lignes sur le plan échiquéen ?

Laurent GUIDARELLI : 25 ans dans 6 mois, MI ŕ 2462 élo, j’ai eu la chance que mes adversaires me permettent de réaliser une norme de GM ŕ deux reprises. J’enseigne le jeu d’échecs dans plusieurs clubs provençaux, et ŕ quelques joueurs en particulier.

 

Joueurdechecs.com :  ŕ quel âge as-tu commencé ŕ jouer ?

Laurent GUIDARELLI : Mes parents ont appris par l’intermédiaire d’amis Belges ŕ déplacer les pičces. Seul hic (mais je ne crois pas que ça ait de rapport avec la nationalité de ces braves gens…) c’est qu’ils pensaient que l’échec et mat survenait lors de la prise du roi ! Ce sont donc ces rčgles que m’ont transmises mes parents lorsque j’avais 3 ou 4 ans. Puis j’ai reçu ma premičre licence ŕ Monteux, oů en octobre 1989, j’avais donc un peu plus de 8 ans, on m’a dit pour la premičre fois que je ne pouvais pas me jeter comme un mort de faim sur le roi adverse.

 

Joueurdechecs.com : ŕ  quel moment et dans quelles circonstances se situe le déclic qui a orienté ta vie vers le monde des échecs professionnels ?

Laurent GUIDARELLI : Secrčtement, j’ai eu trčs tôt l’envie de faire de ma passion mon métier. Mais pour faire plaisir ŕ mon entourage, et sans doute ŕ moi-męme aussi  (j’ai comme autre passion la littérature), j’ai été inscrit en fac de lettres modernes quelques années, avec pour objectif avoué l’enseignement. A dire vrai, je ne me suis levé que les 6 premiers mois pour aller suivre les cours, qui sont vite devenus un peu trop scolaires pour mon caractčre un peu trop rebelle. C’est lorsque j’ai réalisé ma troisičme norme de MI que j’ai officiellement arręté de Ť faire l’étudiant ť. J’ai commencé ŕ donner des cours lorsque j’avais 13/14 ans, alors il n’a pas été trop difficile de passer du statut de professeur Ť amateur ť ŕ Ť professionnel ť

 

Joueurdechecs.com : pour les amateurs, diverses formules de cours s’offrent ŕ nous pour progresser. Quels sont les avantages et les inconvénients des cours hebdomadaires et réguliers ?

Laurent GUIDARELLI : Selon moi, l’avantage des cours hebdomadaires et réguliers, c’est qu’ils permettent un suivi assez complet des élčves, et, pour les plus jeunes, des séances d’une heure au maximum, ce qui représente souvent la limite avant le Ť raz le bol ť. Le fait de s’entraîner comporte rarement des inconvénients, mais celui d’avoir de gros groupes, disons de plus d’une huitaine d’élčves, est handicapant (pas assez vite pour les uns, trop rapides pour d’autres, dissipation due au groupe, etc…). D’un autre côté, on peut créer une certaine émulation, mais ŕ mon avis plus facile ŕ mettre en œuvre avec de petits groupes homogčnes. Le seul souci majeur du cours hebdomadaire est le pendant de son avantage : il est généralement assez réduit (2 heures au maximum) et ne permet donc pas d’aller au fond des choses. Męme s’il est possible de faire une partie théorique et une autre pratique, chacune de ces parties aura été amputée, et on sera passé ŕ côté de pas mal de choses…A moins, évidemment, que les élčves, entre deux séances, revoient leurs notes, les photocopies distribuées, fassent les exercices et des recherches complémentaires, qui autorisent le prof ŕ avoir une évolution correcte dans ses leçons. Mais je suis bien entendu en train de plaisanter, ou de ręver tout éveillé !... ;o)

 

Joueurdechecs.com : ŕ l’inverse, quels sont les avantages et les inconvénients de la formule Ť stage ť ?

Laurent GUIDARELLI : Le stage est trčs intéressant lorsqu’un groupe, homogčne de préférence, ressent le besoin de travailler sur un thčme précis : ouverture, position typique, méthode de calcul. On peut ainsi s’imprégner du sujet, en Ť faire le tour ť, et mettre en place, en fin de session, des exercices pratiques divers et variés. Il y a évidemment moins de choses ŕ répéter que lorsque deux séances d’une heure sont séparées de toute une semaine de travail, de factures, de mauvaises (parfois bonnes d’ailleurs !) notes ŕ l’école, d’oublis…

Un bémol cependant : ce genre de stage ne pouvant ętre organisé chaque semaine sous peine de faire augmenter le taux de divorces en France, il est nécessaire que les élčves aient la volonté et l’organisation nécessaires pour travailler de maničre individuelle, sans l’aide d’un prof.

 

Joueurdechecs.com : quelle formule recommandes-tu ?

Laurent GUIDARELLI : Du moment que l’on travaille les échecs, peu importe la formule ! Disons que deux heures hebdomadaires, agrémentées d’un stage de 5/6 heures par mois, seraient un bon complément au travail personnel pour quelqu’un qui voudrait progresser un peu plus vite que ses camarades de club. L’essentiel étant, bien sűr, de ne pas aller au-delŕ de ce qu’on a envie de faire, dans la mesure oů les échecs représentent un passe-temps, une passion, et non un métier.

 

Joueurdechecs.com : On m’a dit qu’analyser une partie en ta présence et sous ta direction est une expérience trčs formatrice, un gros facteur de progrčs. Tu as un secret ?

Laurent GUIDARELLI : Mon secret ? Avoir de trčs bons élčves ! Plus sérieusement, rien n’est possible sans la motivation des élčves. Ce que je me contente de faire, c’est les amener peu ŕ peu ŕ découvrir ce qu’ils sont capables de créer avec quelques pičces d’échecs. Souvent, les joueurs d’échecs ne se rendent pas compte de leur potentiel, se sous-évaluent, męme ceux qui Ť chantent ť beaucoup, comme on dit chez moi, et finissent par stagner. Pourtant, le simple fait d’analyser leurs erreurs, et d’en tirer des conclusions, leur permet en rčgle générale de progresser de façon continue. On trouve ce conseil – analyser ses propres parties - dans tous les bons manuels d’échecs, et quelques écrits de Botvinnik, entre autres. En fait, seuls les élčves travaillent, et le rôle du professeur se limite ŕ les Ť guider ť dans leurs efforts. Si celui qui t’a informé trouve qu’il y a des résultats intéressants, il doit donc s’ętre mis au travail avec acharnement, alors attention aux prochains blitz ! ;o)

 

Joueurdechecs.com : que penser des cours par internet ?

Laurent GUIDARELLI : Je n’ai aucune expérience de cours par internet.  J’en comprends le côté pratique, mais le contact humain, le fait de pouvoir partager des émotions autour d’un échiquier Ť réel ť, en 3D, me semble primordial. J’ai moi-męme passé beaucoup de temps, lorsque j’étais étudiant, ŕ jouer en direct des blitz et des Ť bullets ť sur Internet…parfois męme des nuits entičres…au final, aucun progrčs, car aucun travail, voire une certaine régression (et pas qu’au niveau du jeu d’échecs !) Je suis devenu MI quelques mois aprčs avoir arręté le jeu en direct. Je constate que la plupart des jeunes lisent de moins de moins de livres…et passent de plus de plus de temps devant un écran d’ordinateur, y compris pour l’entraînement.

 

Joueurdechecs.com : je constate que la plupart des jeunes lisent de moins de moins de livres…et passent de plus de plus de temps devant un écran d’ordinateur, y compris pour l’entraînement. Ce phénomčne de société n’est-il pas inquiétant ? N’est-ce pas une menace pour le petit monde de l’édition ? Progresse-t-on aussi bien, voire mieux, ŕ l’aide d’un ordi plutôt qu’un bon vieux bouquin ?

Laurent GUIDARELLI : je hais l’ordinateur ! Et j’ai plusieurs raisons pour cela : Premičrement : je suis nul en informatique Deuxičmement : il me prend tout mon temps ! Troisičmement : mes élčves ne jurent plus que par lui ! Une anecdote tragi-comique : j’avais demandé ŕ un élčve d’analyser une partie d’intercercles, qu’il venait de perdre, pour le cours suivant.  Le jour prévu, il est arrivé en m’annonçant avoir fait le travail. Il a commencé ŕ me montrer la partie, puis, dans une position critique, il a joué ŕ toute allure une variante trčs longue et compliquée, m’affirmant que c’était une amélioration de son jeu.  Sa conclusion était : Ť Lŕ, je suis gagnant, je suis ŕ peu prčs ŕ +1,14 ! ť Sans commentaire, n’est ce pas ? Le problčme de l’ordinateur, c’est qu’il rend le joueur d’échecs encore plus flémard qu’il ne l’est ŕ l’origine. Désormais, il est possible de laisser tourner sa machine quelques minutes pour savoir quelles sont les fautes que l’on a commises…mais quel intéręt ?

On ne peut progresser, je crois, qu’en trouvant soi-męme ŕ quel endroit se situent nos fautes, et ce qu’il aurait été préférable de jouer. En revanche, il est clair que l’ordinateur a donné une autre dimension aux échecs de haut niveau : le calcul des variantes est plus précis, les préparations ultra-pointues…mais sommes-nous réellement concernés par ces évolutions, nous, les petits pousseurs de bois ? Je crois que l’ordinateur ne fait du bien aux échecs Ť d’en bas ť que par le biais de l’internet, qui permet de trouver un adversaire ŕ n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, et de développer l’information, la pratique du jeu...et www.joueurdechecs.com évidemment ! ;o)) Par contre, les logiciels de jeu, les bases de données, font souvent oublier aux jeunes qu’aprčs avoir récité la théorie, il faut jouer aux échecs ! En ce qui concerne les livres, j’en suis au contraire trčs friand. C’est au contact de Ť La fabuleuse histoire des champions d’échecs ť, de N. Giffard, que j’ai découvert les Echecs et leur Histoire.  Aujourd’hui encore, et pour le plus grand plaisir des librairies spécialisées, je dévore les ouvrages les plus classiques comme les plus modernes, en essayant de m’imprégner autant des trouvailles Ť classiques ť de nos ancętres que des théories révolutionnaires de nos contemporains.  Développer le goűt de la lecture (échiquéenne) chez les jeunes est un travail de longue haleine, et, dans le Vaucluse, quelques clubs commencent ŕ se doter de bibliothčques plus ou moins fournies, ce qui permet au(x) prof(s) de donner des exercices, Ť commander ť des exposés, etc…

 

Joueurdechecs.com : quelles sont les ambitions du club dont tu vas défendre les couleurs dans le Top 16 ?

Laurent GUIDARELLI : L’échiquier des Papes d’Avignon espčre se maintenir, mais cette saison, avec les départs de V. Milov et D. Guadalpi, et sans renfort, c’est quasiment mission impossible. Cependant, il faut y croire ! La saison derničre, nous avions créé la surprise avec 4 normes !  Celle de JP Boudre, 50 ans, heureux comme un enfant aprčs sa victoire (qui était indispensable pour la norme) contre G. Flear, est un de mes meilleurs souvenirs aux échecs.

 

Joueurdechecs.com : c’est l’usage sur joueurdechecs.com, on aime parler arbitrage ! As-tu déjŕ eu des soucis avec un arbitre dans ta carričre ? As-tu déjŕ été confronté ŕ une mauvaise décision ? Que penses-tu du niveau d’arbitrage en France ?

Laurent GUIDARELLI : deux d’entre eux m’ont accompagné tout au long de ma Ť carričre ť : Gérard Guadalpi, qui m’a appris ŕ jouer aux échecs (je lui dois tout en ce qui concerne le jeu, beaucoup en ce qui concerne le reste), a longtemps été un arbitre respecté de tous (en Grčce, lors d’un championnat du Monde – 20 ans, j’ai entendu G. Kasparov dire qu’il était le meilleur !) Christian Bernard, mon président de club ŕ Orange pendant de longues années, a été un soutien fidčle et est une personne dont je suis proche aujourd’hui. Et de maničre générale, je crois que je m’entends bien avec la plupart des arbitres.  Le niveau en France me semble particuličrement élevé, grâce au travail de Christian, et maintenant ŕ celui de Stéphane Escafre (et de tous les autres… !). Je ne me souviens pas de problčme particulier avec un arbitre…évidemment, comme tout le monde je crois, quelques discussions un peu vives au moment de zeitnots tendus, mais rien de bien grave.

 

Joueurdechecs.com : une derničre petite question…perso ! Mon petit doigt m’a dit qu’un heureux événement était attendu chez les Guidarelli ! Ce sera …une joueuse ou un joueur ?

Laurent GUIDARELLI : Effectivement, ton doigt est aussi sűr qu’une CB ! ;o) Ce sera une joueuse, et son arrivée est prévue pour mi-mars. La maman se porte plutôt bien, et le papa est (déjŕ !) épuisé…

 

© Progerix