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  UN ENTRETIEN AVEC DOMINIQUE DERVIEUX (responsable du Bulletin des Arbitres Fédéraux et formateur d'arbitres)

 

Francis DELBOE : peux-tu te présenter sur le plan personnel ?

 

Dominique DERVIEUX : D’abord, bonjour aux lectrices et lecteurs du Ť Joueur d’Echecs.com ť !

Je n’ai pas loin de 34 ans et suis célibataire. Cadurcien émigré en région parisienne pour travailler dans l’informatique bancaire.

 

Francis DELBOE : Et sur le plan échiquéen ?

 

Dominique DERVIEUX : J’ai débuté bien trop tard aux échecs pour atteindre un bon niveau, ŕ 13-14 ans grâce ŕ des camarades collégiens en les regardant jouer. Puis rapidement j’ai franchi la porte du club de Cahors, l’Echiquier du Quercy, club oů je suis toujours licencié. Je n’ai plus trop l’occasion de jouer par équipe mais j’essaie de participer ŕ un ou deux opens en cadence longue par an, pour distribuer souvent des points Elo. Actuellement, j’ai un classement de 1850F.

 

Francis DELBOE : Qu’est ce qui t’a amené vers l’arbitrage ?

 

Dominique DERVIEUX : M’investissant dans le milieu associatif échiquéen, je me suis tout naturellement tourné vers l’arbitrage, ‘pour voir’ au début. A l’époque il n’y avait pas de stage dirigeant par exemple et donc l’arbitrage m’a paru une bonne porte d’entrée pour l’organisation d’animation échiquéenne dans mon club. Je constate d’ailleurs que les organisateurs français (FO J ) ne se sont pas regroupés pour mettre en commun leurs connaissances et leurs expériences. . Il y a de plus en plus de tournois organisés mais ils doivent apprendre par des échecs et des approximations alors qu’il serait profitable ŕ tous de ne pas renouveler les erreurs faites ailleurs. Souvent les organisateurs demandent l’avis des arbitres qui eux, au fil de leurs arbitrages, peuvent avoir l’expérience d’autres tournois. Une base de connaissance sur l’organisation serait donc un plus … et puis les meilleurs pourrait briguer le titre d’IO (International Organizer) !

 

Francis DELBOE : Un arbitre FIDE, c’est quoi au juste ?

 

Dominique DERVIEUX : Un arbitre AF1 qui a réussi !!

Plus sérieusement, jusqu’ŕ il y a quelques années, ce titre de la FIDE n’était pas vraiment connu en France car il n’était pas un passage obligé pour les arbitres avant le titre supręme d’Arbitre International. Ainsi, la France qui possčde, n’ayons pas honte de le dire, une formation des arbitres excellente ne présentait que des dossiers d’Arbitres Internationaux. Actuellement, nous sommes 4 Ť Fide Arbiter ť français mais le nombre va progresser rapidement. En effet, comme je te disais, les conditions d’obtention du titre d’Arbitre Fédéral 1 sont plus strictes que celles formulées par la FIDE pour le titre d’Arbitre FIDE. Ainsi, tous les futurs AF1 devraient dans la foulée devenir FA. A eux, s’ajoutent les Ť anciens ť AF1 qui, par leur activité arbitrale, peuvent postuler auprčs du directeur des titres de la DNA, Luc Fancelli.

 

Francis DELBOE : Quelles sont tes fonctions au sein de la DNA ? As-tu d’autres fonctions dans le monde des échecs ? Tout ce bénévolat, ça prend beaucoup de temps ?

 

Dominique DERVIEUX : Je suis Directeur de Publication, Directeur du BAF si tu préfčres !

Depuis un peu plus de 10 ans, je me suis impliqué de plus en plus dans le tissu associatif échiquéen, au niveau de mon club (je suis encore trésorier), au niveau du département (je suis président du CDJE 46) puis au niveau de la Ligue Midi-Pyrénées (je suis encore DRA) et au niveau fédéral (membre du CD fédéral, membre de la DNA et tout derničrement membre de la Commission de Discipline Fédérale). Evidemment, tout cela me prend du temps mais si la récompense d’avoir apporté sa pierre ŕ l’édifice commun et d’avoir fait avancer les choses est au bout, la satisfaction efface toute la fatigue ... et on repart de plus belle vers de nouveaux combats !

 

Francis DELBOE : Le Bulletin des Arbitres Fédéraux est-il encore envoyé sous format papier aux irréductibles qui ne sont pas internautes ?

 

Dominique DERVIEUX : Non … et męme si je vais choquer certains, tant mieux ! Je m’explique. Les arbitres doivent vivre avec leur temps… et un ordinateur connecté sur la toile fait parti de cet équipement indispensable pour les AF3 et plus, ne serait-ce que pour avoir une base ŕ jour pour effectuer leurs appariements au systčme suisse (seulement 4 AF1 et 9 AF2 n’ont pas d’adresse électronique dans la base FFE et cela ne signifie pas qu’ils ne soient pas connectés ; plus de 65 % des AF3 ont une adresse électronique).

Au moment de la suppression définitive de l’envoi sous forme papier, la DNA n’a pas eu de lettres incendiaires de vénérables arbitres ne recevant plus le BAF, preuve qu’il était temps de passer ŕ une publication dématérialisée. Avec Erick Mouret, nous avons mis en place une alerte-mail ŕ chaque nouveau numéro. Ainsi pour le dernier numéro, tous les arbitres ayant leur e-mail ŕ jour dans la base FFE ont reçu un message avec le BAF 112 en pičce jointe dčs la mise en ligne sur le site fédéral du BAF. Le lien entre la DNA et chaque arbitre est donc toujours aussi fort.

Pour les arbitres pas encore connectés, ils peuvent compter sur le correspondant de leur club pour récupérer les informations nécessaires et les bulletins.

 

Francis DELBOE : Tu es également formateur d’arbitres. A ton avis, de quelles qualités faut-il faire preuve pour ętre arbitre ? Le stage initial, c’est facile ?

 

Dominique DERVIEUX : Effectivement, j’ai passé l’année derničre mon UV6 d’arbitrage, celle nécessaire pour devenir formateur d’arbitres. J’ai d’ailleurs eu le plaisir de publier mon épreuve dans le BAF 110 ! J’y pioche pour te répondre la citation de l’excellent ‘Chess Organiser’s Handbook’ de notre confrčre Steward Reuben sur les qualités d’un bon arbitre :

1. Du bon sens

2. De la sympathie pour les joueurs et les échecs

3. Un bon sens de l’humour

4. Une excellente compréhension et capacité ŕ appliquer tous les rčgles

5. Une bonne compréhension des échecs

6. Une volonté farouche de se donner du mal pour régler les problčmes

Le stage est toujours un instant particulier, une rencontre entre un formateur et des stagiaires. Vont-ils accrocher ŕ notre ‘‘enseignement’’ ? Il s’agit de se remettre en question, de s’adapter ŕ son public ... pour avoir la satisfaction de voir la plupart d’entre eux avoir leur titre d’arbitre. Le stage initial (AF4 ou AFJ) est trčs compact puisqu’il s’agit en 16h de voir l’ensemble des rčgles du jeu tout en faisant passer l’esprit qui doit animer l’arbitre dans ses actes… de quoi avoir un peu mal au crane le dimanche soir ŕ la fin du stage.

A ce propos, je trouve ton formulaire de compétence trčs utile et je vais le proposer ŕ mes stagiaires. Il permet de connaître ses points faibles pour réviser avant les examens et plus important encore avant les arbitrages réels !

Dans quelques jours, j’arbitre mon éničme open international et je vais réviser quand męme les rčgles. Les stages sont la base des connaissances ŕ maîtriser mais le plus important est de se maintenir en forme. Dire aux stagiaires que le Livre de l’Arbitre deviendra un peu leur livre de chevet n’est pas une image totalement fausse !

 

Francis DELBOE : Quels sont les prochains stages que tu vas encadrer ?

 

Dominique DERVIEUX : Voici les dates de ma tournée ! 10-11 mars Stage AF4 ŕ Toulouse, 31-1er avril AFJ ŕ Villepinte, 28-29 avril AF4 ŕ Avoine et 2-3 juin AF4 ŕ Noisy-le-Grand. Les demandes de formation sont immenses (et pas seulement pour l’arbitrage), les formateurs sont trčs sollicités et j’encourage les AF1 qui seraient intéressés ŕ nous rejoindre.

 

Francis DELBOE : Que penses-tu de la création du titre d’arbitre-jeune ?

 

Dominique DERVIEUX : J’ai participé ŕ la genčse de la création de ce nouveau titre.

A premičre vue, cela pourrait ętre vu comme un gadget mais ŕ la réflexion cela peut devenir un axe fort de développement de l’arbitrage dans notre sport.

Les grandes fédérations sportives possédaient déjŕ un titre équivalent et dans le cadre de la convention d’objectifs entre la FFE et le ministčre, ce nouveau titre fait partie de la contribution de l’Arbitrage.

Lors du premier stage, en Corse, les jeunes ont surpris par la qualité de leur attention et leur sérieux leur formateur Stéphane Escafre, avant d’époustoufler le correcteur par la qualité de leurs réponses circonstanciées ŕ l’examen.

Ce titre (enfin cette formation plutôt) peut aussi ętre un élément dans les interventions fédérales auprčs des scolaires et dans les quartiers difficiles. Définir quelles sont les rčgles et les faire appliquer ŕ ses camarades, n’est-ce pas un pas en avant immense pour certains de ces jeunes en difficultés par exemple ?

L’arbitre est un fervent partisan de l’ordre juste pour qu’ensemble tout devienne possible J

 

Francis DELBOE : Oů en est la formation continue des  arbitres ?

 

Dominique DERVIEUX : La formation continue est en place. Chaque arbitre titré doit suivre un stage de FC pendant une Olympiade (période de 4 ans) pour ne pas perdre son titre d’arbitre. C’est l’occasion pour les arbitres d’une ligue, d’une région de se réunir, de discuter des changements de rčgles, de se mettre parfaitement aux réglages des pendules électroniques, etc…

Alors évidemment, certains ronchonnent ŕ se rendre ŕ ce type de réunion, pensant évidemment ętre au top. Eh bien, c’est justement l’occasion de le montrer ŕ leurs collčgues, ces stages sont avant tout un lieu d’échange !

Il existe aussi un moyen d’y échapper, c’est de suivre un stage de niveau supérieur. AF4, devenez AF3 ! AF3 ; devenez AF2 !

 

Francis DELBOE : Lors du dernier Congrčs de l’AFCAM, le président Michel DAILLY s’est exclamé Ť l’arbitre a toujours raison ! ť Que faut-il en penser  ?

 

Dominique DERVIEUX : Je ne me souviens pas … était-ce au moment oů l’auteur de cet excellent livre (maintenant malheureusement épuisé, le livre, pas l’auteur !) sur l’Arbitrage et est monté sur la tribune pour son Ť trophée Elite ť de l’arbitrage ?

C’est ‘‘un must’’ que je relis souvent juste pour rire … Il mériterait un dépoussiérage des exemples suite au changement de rčgles et une réédition !

Pour les béotiens dans le domaine de l’arbitrage, je ne résiste pas ŕ citer notre merveilleux préambule :

‘‘Les Rčgles du Jeu d'Échecs ne peuvent couvrir le champ de toutes les situations pouvant survenir au cours d'une partie, ni régir toutes les questions administratives. Lorsque des cas ne sont pas explicitement réglés par un article des rčgles du jeu d'échecs, on devrait alors pouvoir trouver une décision correcte en étudiant des situations analogues ŕ celles décrites dans les Rčgles du Jeu. Les Rčgles sous-entendent que les arbitres possčdent la compétence voulue, un jugement sűr et une objectivité absolue. Un rčglement trop détaillé priverait l'arbitre de sa liberté de jugement, et l'empęcherait ainsi de résoudre un problčme par une solution impartiale, logique et inspirée par des facteurs particuliers.’’

N’est-ce pas une splendeur ? La solution impartiale et logique est apportée par l’arbitre supposé compétent, objectif et au jugement sűr. Si l’arbitre n’a peut-ętre pas raison, sa solution est la plus juste. La raison (dusse est-elle ętre celle du plus fort !) s’efface devant la justice. Un vrai sujet de philosophie …

 

 

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